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Le Team Banque Populaire Voile perd la tête ?

Ce jeudi en début d’après-midi, sur la page FB et Instagram de Clarisse Crémer, apparait un communiqué du désormais ex skipper Banque Populaire :



BANQUE POPULAIRE DÉCIDE DE ME LAISSER À QUAI



J’ai donné naissance en novembre 2022 à une petite fille. Alors que rien ne m’y obligeait, j’avais informé mon sponsor Banque Populaire dès février 2021 de mon projet d’enfant. Ils m’ont tout de même choisie pour ce nouveau Vendée Globe et ont communiqué sur notre engagement mutuel à l’automne 2021. J’ai appris vendredi dernier que Banque Populaire avait finalement décidé de me remplacer. Par leur décision, et malgré ma volonté constante, je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024.

Les règles du Vendée Globe pour l’édition 2024 imposent à tous les skippers une concurrence basée sur le nombre de milles parcourus en course. Sur ce critère, j’ai bien sûr pris du retard face aux autres concurrents au départ, cette maternité m’ayant empêchée d’être présente sur les courses qualificatives pendant un an.

Aujourd’hui Banque Populaire décide que cela représente pour eux un « risque » qu’ils ne souhaitent finalement pas courir.

Je suis sous le choc, d'autres projets lancés bien plus récemment continuent pourtant sans sourciller. Il restait 2 saisons complètes et 4 transatlantiques pour revenir au niveau, j'étais à fond pour finir ma rééducation au plus vite. Mais pour Banque Populaire ce serait « laisser le destin choisir à leur place », alors qu’ils « se doivent » d’être au départ du Vendée Globe. Ils sont prêts à assumer le risque d’un trimaran géant, et tous les aléas naturels, techniques et humains liés à la course au large, mais visiblement pas celui de la maternité.

Si la course au large existe aujourd'hui c'est parce que des sponsors la choisissent comme levier de communication et s'en servent pour raconter de belles histoires sportives et donc, a priori, humaines. Je suis dans l’incompréhension totale face à l'histoire que ce sponsor fait le choix de raconter aujourd'hui : « Le Vendée Globe, à tout prix. »

L’organisation du Vendée Globe se contente par ailleurs d’être "désolée pour moi" mais "ne peut rien faire". C’est pourtant elle qui écrit les règles. Rappelons qu'il y a 4 ans j'aurais été sélectionnée automatiquement car finisseuse de l'édition précédente. Rappelons que 13 bateaux neufs (1/3 de la flotte) bénéficient d'une dérogation pour être sélectionnés d'office au prochain Vendée Globe au nom du soutien à l’innovation. Les règles d’une compétition sont censées garantir l’équité et l’esprit sportif. Aujourd’hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant, quand bien même elle serait une sportive reconnue, déjà finisseuse de l’édition précédente. Au 21e siècle, à qui veut-on faire croire que de telles règles seraient équitables ? On a beau jeu de déplorer, ensuite, le faible nombre de femmes sur les lignes de départ.

Je tiens à remercier les personnes qui m’ont soutenue et qui se reconnaîtront. Je suis déterminée à revenir naviguer, sous les couleurs d’un partenaire de confiance dont je partagerai les convictions humaines. Ma passion pour la voile reste entière, et je saurai dépasser rapidement la désillusion que je vis aujourd’hui. Je pense surtout à toutes les femmes, les sportives et les autres, qui traversent des difficultés similaires sans avoir cette opportunité de prendre la parole. Que signifie l’égalité pour les femmes ? Se comporter en tout point comme les hommes et donc surtout ne pas être enceinte ? Si je m’exprime aujourd’hui, ce n’est pas par vengeance, pour attirer l’attention ni me faire plaindre, mais pour susciter la réflexion, et dans l’espoir de faire progresser notre société.

 

Suivi par, une dizaine de minutes plus tard, du communiqué de presse de Banque Populaire Voile :

VENDÉE GLOBE 2024 : LE TEAM BANQUE POPULAIRE CONTRAINT DE CHANGER DE SKIPPER

En avril 2021, quelques mois après l’arrivée du Vendée Globe, Banque Populaire se réengageait pour la 4ème fois de son histoire dans cette course mythique aux côtés de Clarisse Crémer.

En octobre 2021, l’organisateur du tour du monde annonçait une nouvelle méthode de qualification inédite ne permettant plus aux finishers d’être directement qualifiés pour l’édition suivante. Elle instaurait un système d’accumulation de points à acquérir entre l’hiver 2021 et l’été 2024 par la participation à des courses du circuit Imoca pour l’attribution des 40 places de l’épreuve (dont une wildcard).

Pour se conforter à ce nouveau règlement, le Team Banque Populaire a loué un bateau afin de participer aux courses de la saison 2022 et de se donner ainsi toutes les chances avec Clarisse de marquer des points nécessaires en attendant la livraison du monocoque Banque Populaire XII en décembre 2022 (ex-Apivia).

N’ayant pu participer à ces courses pour des raisons heureuses de maternité, Clarisse est aujourd’hui dans une situation qui ne lui permet pas d’espérer obtenir le nombre de points nécessaires pour se qualifier pour le Vendée Globe 2024.

Conscient de ce risque depuis plusieurs mois, le Team Banque Populaire avait entrepris des échanges avec la SAEM Vendée dès l’été 2022 pour aborder la situation singulière de la navigatrice, 12ème du Vendée Globe 2020/2021, 1ère femme et détentrice du record féminin. Déterminé à prendre le départ de la course à ses côtés en 2024, plusieurs solutions ont été proposées par le Team Banque Populaire à l’organisateur pour que le règlement prenne en compte la situation des femmes dans le Vendée Globe et la question de la maternité.

Toutes ces propositions, ainsi que les demandes d’attribution d’une garantie de wildcard, ont été rejetées, y compris celle formulée il y a quelques jours encore, et c’est regrettable.

Afin, malgré tout, de garantir l’avenir du projet sur le prochain Vendée Globe et au regard des investissements humains (constitution d’une équipe) et financiers (acquisition d’un bateau), le Team Banque Populaire doit malheureusement se résigner à faire évoluer son projet en confiant la barre de Banque Populaire XII à un nouveau skipper dont le nom sera communiqué dans les prochains jours.

Banque Populaire aurait aimé que l’histoire initiée il y a 4 ans connaisse un autre dénouement et souhaite remercier Clarisse pour toutes les émotions vécues et partagées sur terre comme en mer.

Cette situation malheureuse qui impacte le destin de Clarisse Crémer, une navigatrice talentueuse que le Team Banque Populaire a accompagnée depuis ses premiers bords en IMOCA, doit permettre d’ouvrir plus largement le sujet des femmes et de la maternité dans la voile. Engagée dans ce sport depuis 34 ans, Banque Populaire est attachée aux valeurs de mixité et d’égalité des chances et est déterminée à participer aux travaux nécessaires avec les différents acteurs pour le faire progresser.

 

Stupéfaction ! Pourquoi prendre maintenant une telle décision, même s’il y avait quelques tensions déjà connues entre l’équipe et la skipper ? Très vite le message explicatif de Clarisse Crémer, formée initialement aux techniques de communication, devient viral sur les réseaux sociaux, les chiffres des partages, commentaires, donnent le vertige. Rien de vraiment étonnant vu l’aura de la navigatrice, bien au-delà du cercle classique de la course au large… Et là vient après la question de savoir comment la décision a été prise et par qui, car les conséquences vont être ravageuses en terme d’image pour la Banque.

Comment les experts en communication du groupe BPCE, ont-ils pu laisser la chose se faire de cette manière ?! Il est vrai que dans le milieu, le Team Banque Populaire l’a souvent expérimentée (Francis Joyon, Lalou Roucayrol, Pascal Bidégory), la décision de séparation est souvent brutale, mais un protocole d’accord et six à douze mois de salaire règlent l’affaire dans un simple chuchotement dans le milieu de la course au large. Seulement, les époques changent, et celle d’aujourd’hui, ne permet pas, plus, de s’asseoir sur une différence de traitement, surtout pour un congé maternité.

La polémique enfle tout l’après-midi, une cellule de crise s’installe chez Banque Populaire qui visiblement n’a rien vu venir. Hallucinant !

En soirée, ce sont les médias nationaux qui s’en emparent et le dossier finit par arriver sur le bureau de la Ministre des Sports en pleine semaine de l’opération « Sport féminin toujours ». Pour résumé : manque de considérations, mauvais timing, manque d’anticipation, la digue se fissure de tous les côtés.

Le service communication, par son directeur, tente de circonscrire l’incendie mais rien n’y fait. Le Team essaye de faire porter le chapeau sur l’organisateur du Vendée Globe et de son règlement, qui ne veut pas leur donner par anticipation l’invitation prévue dans le règlement. Celui-ci communique dans la précipitation… ce qui ne fait que rajouter de l’essence sur le brasier.

Sur le fond, Le Team Banque Populaire indique qu’il "n’a pas le choix car il sera impossible à Clarisse Crémer de se qualifier pour le Vendée Globe 2024". Aujourd’hui, ce n’est pas vrai ; Il reste quasiment deux ans et un nombre de courses suffisant pour pouvoir se qualifier et avoir les fameux milles, qui certes apportent de beaux plateaux aux organisateurs des courses mais qui pour des skippers et leurs équipes a surtout pour objectif de terminer pour engranger les milles. Ce qui se fait très certainement au détriment de la compétition. Mais ces milles si indispensables, ne serviront seulement et seulement si, plus de 40 skippers et leurs bateaux remplissent toutes les conditions pour être au départ du prochain tour du Monde en solitaire. Et aujourd’hui, il semble peu probable qu’on en arrive là si l’on regarde les projets susceptibles d’aller jusqu’au bout. Au contraire de celui de Banque Populaire et Clarisse Crémer. L’équipe a : la structure, les hommes et les femmes, le budget et un très très bon bateau donc la raison est ailleurs.

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